Je suis propriétaire d'un hongre (pour moitié quarter horse) de 16 ans depuis 1 an. Depuis 1 an et jusqu'à il y a 2 mois il était monté en gogue afin d'éviter qu'il ne creuse son dos et pour l'obliger à travailler dans son dos. Je le travaille 1 fois monté et une fois en longe chaque semaine.
Son histoire : il a été débourré assez violemment (à priori), a toujours été monté par des propriétaires (pas forcément cavaliers confirmés) et jusqu'à l'année dernière il faisait de l’obstacle (jusqu'à 1.10 m) mais toujours avec réticence et semble-t-il avec peur. Son ancien propriétaire a décidé de me le donner puisque je ne fais pas d'obstacle. En promenade, il doit toujours être devant même si il a peur de tout (ou presque) puisqu'il fait régulièrement des écarts mais aucun avec violence. Cependant pendant les promenade et de plus en plus pendant les reprises, il s’excite et trottine (ce qui est assez désagréable et fatiguant aussi bien pour lui que pour moi) et surtout après un galop. Je ne sais pas quoi faire pour faire retomber la pression et arrêter ce trottinement.
Depuis quelques temps il se cabre, je lui ai donc remis son gogue que j'avais enlevé depuis 2 mois (après avoir consulter deux monitrices). Il recommence à vouloir se cabrer dès que je lui demande de déplacer les hanches (exercice qui lui a toujours été difficile) ou que je lui demande un travail répétitif et refuse le travail. Il trottine et commence à vouloir passer au galop. Dès que je le mets au galop il essaye de prendre la main.
Que faire pour qu'il ne trottine plus (ou du moins diminue cette attitude), dois-je lui laisser son gogue et que faire pour qu'il ne se cabre plus.
Merci de votre aide, Sophie
Il est toujours difficile de donner une réponse sans voir (ou monter) le cheval en question. Donc, ce que je vais sous dire est sous toutes réserves.
Le premier point qui m'apparaît est que votre cheval est en train de développer des résistances. Soit il s'oppose à vous (il se cabre), soit il cherche à fuir (les trottinements excités, les tentatives pour prendre la main).
Le gogue a en principe comme objectif de verticaliser la tête et d'aider le cavalier à empêcher le cheval de se mettre sur les épaules (et donc de prendre la main). C'est une aide artificielle qui soumet le cheval mais ne l'éduque pas. Un cheval doit se ramener parce que, une fois éduqué aux flexions de nuque, il adhère à une demande de son cavalier. C'est de la part de l'animal un état d'esprit : il accepte ce qu'on lui demande au lieu de s'y opposer.
Votre courriel est imprégné de mots tels que : réticences, peur, écarts, trottinements, cabrages, prise de main… et donc de tête pour son cavalier.
Ma conclusion est donc que le problème n'est pas d'en finir avec quelques défauts, mais bien de reprendre toute l'éducation de votre cheval à la base pour une équitation de légèreté, c'est-à-dire d'adhésion. Elle commence par l'établissement d'une relation hiérarchisée entre le cavalier et son cheval. C'est seulement lorsque votre cheval vous considérera d'un rang hiérarchique supérieur au sien qu'il vous respectera et vous fera confiance. Ensuite vous pourrez d'une part le désensibiliser à tout ce qui lui fait peur, d'autre part lui apprendre à céder aux pressions et à rester dans le cadre que vous lui demandez (pas, trot, galop, pas de côté, incurvations, etc.). A partir de là, il n'y aura aucune raison par exemple à ne pas lui demander de sauter quelques obstacles.
Quand je parle d'éducation de votre cheval, j'inclus également l'attitude et les habiletés que vous aurez à développer pour que votre cheval vous respecte et vous fasse confiance.
En clair, on efface tout et on recommence. La mémoire de votre cheval est imbibée de souvenirs désagréables et probablement incohérents qui le déstabilisent. Il s’agit de les effacer et de les remplacer par d’autres construits logiquement et progressivement.
Il me semble que cette façon de voir s'impose avec une certaine urgence car si votre cheval s'installe dans des résistances telle que le cabrage, cela peut devenir à la fois dangereux et de plus en plus difficile à corriger.
Texte © Stéphane Bigo – Photos © Véronique ou Stéphane Bigo
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