Les flexions sont des décontractions : le cheval cède à une demande de son cavalier et pour cela décontracte les muscles de sa nuque, de son encolure ou de sa mâchoire. Obtenues de bon gré, elles sont l’expression d’un véritable partenariat.
Obtenues de bon gré, les flexions sont l’expression d’un véritable partenariat.Ces flexions ont une autre vertu : la soumission mentale. Quand la défense principale d’un sujet est contrôlée, nous dit Robert Miller, il se retrouve sans moyen défensif. Il admet le plus souvent son impuissance et, finalement, montre qu’il se soumet. Or, prélude à la fuite ou à l’opposition, la première des défenses de notre monture est justement de lever la tête pour prendre la situation en main. En acceptant ces fléchissements, elle s’en remet à nous pour gérer cette situation à sa place.
Les flexions de nuque. Pour les raisons ci-dessus, la première chose à enseigner à un cheval devrait être la flexion de nuque. En outre, ce ramener favorise la tension de la ligne du dessus, l’élévation du garrot, l’engagement des postérieurs sous la masse, la mobilité générale et les mouvements par prise d’équilibre. Elle n’a que des qualités. Et, cerise sur le gâteau, votre cheval devient beau.
Les flexions latérales d’encolure. Ce sont elles que nous allons privilégier pour notre rééducation. Ceci, non seulement pour les décontractions et la soumission qu’elles engendrent mais aussi pour les raisons suivantes :
Le travail en flexion va donc être le moyen privilégié par lequel nous allons casser les mauvais réflexes de notre rebelle et gommer ses résistances. Encore faut-il l’éduquer à cela car si nous la lui demandons sans qu’il y soit préparé, le conflit sera inévitable.
La barrière de main crée un cadre impératif à l’intérieur duquel le cheval trouve le confort de la pleine liberté musculaire.Comme nous allons beaucoup travailler en flexion d’encolure, voyons d’abord comment les obtenir sans conflit. Pour cela, nous allons équiper notre cheval d’un filet à aiguille.
Par approche-retrait. Par approche-retrait (méthode préconisée par Elisabeth de Corbigny mais aussi par Jean-Claude Racinet dans son livre L’équitation de légèreté qui pose comme principe qu’aucune action de main ne devrait durer plus d’une demi-seconde).
En application du principe classique prendre et rendre poussé à l’extrême, on tend doucement la rêne d’ouverture pour rendre aussitôt et ainsi de suite dans une sorte de pompage permanent qui amène peu à peu la tête du cheval dans la position désirée.
Nota : ce système de pompage est assez difficile à mettre en œuvre car nous sommes conditionnés pour imposer plutôt que pour céder. Mais une fois ce réflexe acquis, la méthode est très efficace, spécialement avec les chevaux difficiles, car le fait de rendre de manière répétitive désamorce les résistances de l’animal qui du coup, reste détendu. C’est pourquoi, nous appliquerons cette méthode par la suite à toutes nos demandes.
Méthode de la barrière de main (préconisée notamment par Jean d’Orgeix). Par une rêne d’ouverture, la main assez près de la bouche, on amène petit à petit la tête du cheval à 80° par pompage (comme dans la méthode par approche-retrait). Une fois l’encolure suffisamment ployée (~ 80° — ne dépassez pas 90°, ce n’est pas une prise de judo), la main glisse le long de la rêne jusqu’à hauteur du garrot derrière ou sur lequel elle vient se caler. Ainsi elle ne peut ni avancer ni reculer : la barrière est en place. Si le cheval veut redresser l’encolure, la rêne bloquée par la main s’y oppose. En revanche, s’il la plie un peu plus, la rêne se détend et le cheval trouve le confort de la pleine liberté musculaire. Résultat : inconfort si le cheval veut prendre la main, confort s’il reste derrière la main. Dès le résultat obtenu, rendez, caressez et faîtes trois pas en avant (règle du binôme cession-impulsion) et recommencez jusqu’à ce que le cheval accepte sans conflit cette barrière.
Remarque : La barrière de main a l’avantage de poser un cadre ferme, clair et net à la flexion. Elle est un raccourci efficace si le cheval l’accepte. S’il se butte (il est en principe rebelle), surtout n’insistez pas et revenez à la première méthode. Précisons que cette barrière est avant tout un procédé éducatif. Dès que le cheval donne la flexion, nous revenons à une main accompagnante et agissons par approche-retrait.
Texte © Stéphane Bigo – Photos © Véronique ou Stéphane Bigo
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