L'équitation éthologique, comme l'équitation de légèreté, consiste d'une part à éduquer et à utiliser le cheval dans le respect de sa nature, d'autre part à s'éduquer soi-même pour être à la hauteur de cette tâche.Les maîtres classiques soulignent que dans l’équitation de légèreté, le cheval semble absolument libre et paraît « se diriger à sa guise ». Beudant nous précise : « Le cheval doit conserver son équilibre sans le secours des aides ». D’Aure conseille de « placer le cheval et le laisser faire de lui-même au lieu de l’y contraindre ». D’Orgeix évoque le cadre des aides dans lequel le cheval se trouve « en pleine liberté musculaire ». Et Nuno Oliveira de conclure : « Les cavaliers qui laissent leurs chevaux libres sont ceux qui peuvent goûter les délices de l’art équestre. »
L’équitation éthologique poursuit le même rêve : communiquer avec le cheval dans une relation de confiance et d’harmonie comme s’il faisait ce qu’on lui demande pour nous faire plaisir.
Comment parvenir à un tel résultat ? « La connaissance du naturel d'un cheval, est un des premiers fondements de l'art de le monter, et tout homme de cheval en doit faire sa principale étude » écrivait La Guérinière au début du XVIIIème siècle.
De l’autre côté de l’Atlantique, J. S. Rarey au XIXème siècle constatait que « le cheval n’a l’idée de résister que lorsque son maître viole les lois de sa nature. »
Ces deux équitations ont un même objectif : éduquer le cheval dans une culture de non- conflit, en recherchant son adhésion. Pour l’atteindre, toutes deux lui proposent le même « contrat » : le cavalier déclenche le mouvement par l’action de ses aides (elles sont alors parlantes) et « rend » dès que le cheval lui donne la bonne réponse (elles deviennent silencieuses).
Sur cette base, l’une a développé un art parvenu à des sommets, réservée par la force des choses à une élite, l’autre privilégie le relationnel et s’ouvre à tout un chacun.
Leur fusion crée une équitation totale qui entraîne une révolution majeure : faire entrer le couple cavalier-cheval de plain pied dans l’équitation de légèreté dès les premiers pas de la relation.
Constatons que le terme « Dressage » utilisé dans les Galops n’a pas grand chose à voir avec l’éducation de l’animal. Il s’agit de ce qu’on appelait autrefois « l’emploi des aides ». Cette désinformation est source de confusion dans l’esprit du cavalier : il demande le mouvement en plaçant ses aides comme on le lui a appris et s’aperçoit qu’il se heurte souvent à des résistances incompréhensibles de la part de l’animal. Il se remet alors en question sans se rendre compte qu’en fait, sa monture n’a tout simplement pas reçu l’éducation nécessaire pour comprendre sa demande.
Au dix-neuvième siècle apparaissent en France deux courants équestres divergents.
L’un préconisé par le comte d’Aure est une équitation d’extérieur, adaptée aux charges de cavalerie ou à la chasse à courre d'une époque guerrière, dans laquelle l’impulsion en provenance de l’arrière-main est canalisée en permanence par la main. « Il en est du cheval comme d’un bateau, dit-il, on le mène par les deux bouts. »
L’autre est une art lié à l'histoire d'un pays réputé pour son bon goût et ses lumières, initié par Pluvinel et Salomon de la Broue, développé par La Guérinière, affiné par Baucher et ses disciples dans lequel le cheval se soutient de lui-même et évolue dans le cadre des aides, en pleine liberté musculaire.
Le Général Alexis L’Hotte aurait, paraît-il, synthétisé ces deux approches. Mais sont-elles compatibles ?
Elles n'ont pas le même esprit. L'une utilise le cheval comme un outil, l'autre comme un partenaire. L'une se prête à la compétition, l'autre au spectacle. L'une ignore la descente des aides, l'autre prend et rend en permanence. L'une demande un cheval "calme, en avant et droit", l'autre un cheval "calme, attentif, en équilibre et droit"
Un choix est à faire. Notre époque a changé. Le cheval est devenu "un être vivant, doté de sensibilités", l'équitation dite éthologique nous a apporté une approche inédite qui souligne l'importance de la relation. À l'évidence, le cheval a perdu sa fonction d'outil. Il est devenu un partenaire à part entière.
Il est temps d'en prendre acte.
1) Objectif général : éduquer son cheval de manière à ce que le rôle du cavalier passe de celui de chef (qui impose) à celui de leader (qui guide).
2) Comment ? En remplaçant la relation habituelle de conflit : "prédateur-proie" par une relation de collaboration (le cavalier devenant un meneur de jeu).
3) Fondements de cette relation ?
a) L’ascendance hiérarchique qui entraîne le respect et l'attention indispensables.
b) Le pacte d'amitié véritable « guide de travail » d'où résulte la confiance et une équitation d‘adhésion,
4) Mise en œuvre ? Par une pédagogie du jeu : « Je te fais une demande, si tu trouves la bonne réponse, la situation devient gratifiante pour nous deux. »
5) Objectifs d'apprentissage ? Apprendre au cheval à mobiliser ses facultés pour répondre à nos demandes (impulsion), passer d’une communication « action-réaction » à un langage que le cheval « comprend », et par voie de conséquence désamorcer les réflexes de fuite ou d'opposition.
6) A quoi cela sert-il ? Le cheval étant devenu respectueux, attentif, confiant et « malléable », le cavalier peut alors dans les meilleures conditions développer ses talents dans sa discipline de prédilection.
Extraits du nouveau DVD proposé par Stéphane Bigo pour illustrer la méthode : " Education du cheval, approche éthologique de l’équitation de légèreté "
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Texte © Stéphane Bigo – Photos © Véronique ou Stéphane Bigo
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