Je vois donc de l'espoir dans sa crainte, sa nervosité et les coups de cul qu'il donne. Cela prouve qu'il a encore quelques soupçons de réactivités.
En tout cas, c'est une très bonne chose d'avoir remplacé le travail en longe (où l'animal développe souvent des réactions d'opposition difficiles à contrer sans conflit) par celui en rond de longe.
Les exercices utiles sont de le faire monter sur une palette par exemple, ou de le mettre au trot en agitant un bidon rempli de cailloux qu’on arrête dès qu’il marche à cette allure, ou encore de le faire marcher à côté de soi en longe avec une badine qu’on tape sur le sol à côté de lui ou qu’on lui tapote sur le dos (et qu’on arrête dès que le cheval avance).
Ceci dit, un acquis n'est définitif que s'il est confirmé et généralisé. Ce n’est pas parce que vous obtenez satisfaction dans ce travail au sol (1) que tout est résolu. Reste deux paliers à franchir : le travail monté en rond de longe ou en carrière (2), et l’activité en extérieur (3). L’expérience m’a appris que les résultats acquis en 1 ne sont pas forcément acquis en 2 et ceux acquis en deux ne le sont pas forcément en 3. Il faut donc trouver le moyen de rétablir dominance et confiance à chacun de ces paliers. Malheureusement les techniques que j’utilise sont un peu longues à expliquer par écrit. Nous verrons donc cela au cours du stage que nous ferons ensemble.
Janvier 2006
Il s’avère que Leader (puisque tel est son nom) n’était pas un vrai apathique mais manquait d’impulsion qui est, comme chacun, sait la mobilisation des forces du cheval pour l’accomplissement de l’exercice demandé. Les forces physiques, bien sûr, mais aussi surtout psychiques, sans lesquels les premières ne servent à rien. A cause d’un passé traumatisant, il avait trouvé la solution de fermer son esprit et de freiner des quatre fers lorsqu’on lui demandait quelque chose. Il a donc fallu rétablir l’autorité et la confiance par des voies qu’il comprenne en tant que cheval : celles de la dominance cheval dont la principale expression est bouge-toi de là. Le travail en rond de longe en liberté a donc été déterminant. J’ai trouvé les quelques coups de cul de rébellion qu’il envoyait au début quand on lui demandait de changer de direction très prometteurs. Leader était réactif. Et lorsqu’il a bien compris le langage du respect allié à la confiance (dominance et amitié), il s’est mis à jouer le jeu. Il s’est même révélé d’une maniabilité à laquelle on ne s’attendait pas en équitation montée. A condition de le traiter en monsieur et de lui demander poliment. Ce qui est justement le but de la culture du non-conflit que nous apprenons dans nos stages.
Sarah m’écrit dans un premier courriel : « Leader a très bien travaillé dans le rond, et a fait plusieurs tours au trot sans s'arrêter dans mon dos. On avance. » Dans un second courriel, elle m’envoie les photos de Leader à l’aise dans une reprise d’obstacles avec une cavalière de 25 kilos sur le dos.
Tout n’est pas acquis, évidemment, mais il y a certainement eu un déblocage que a remis Leader sur la bonne voie.
Texte © Stéphane Bigo – Photos © Véronique ou Stéphane Bigo
Tous droits réservés 2006-2025 – mise à jour du 29 mars 2006