Une vraie culture équestre ne consiste pas à connaître toutes les solutions à tous les problèmes mais à savoir les inventer au fur et à mesure qu’ils se présentent.Nous parlons ici des chevaux qui, ayant été en principe débourrés et dressés (en général assez mal), développent des résistances régulières — parfois sans raison apparente. Jusqu’à un certain seuil, tout va bien, au-delà ils ne supportent plus nos demandes et entrent en rébellion. Ils ont pris conscience qu’en agissant ainsi, ils imposent leur manière de voir et ont tendance à répéter systématiquement ces attitudes. Dans le cadre de notre équitation éthologique cela pose un problème qui ressemble assez bien à la quadrature du cercle : avec un cheval qui entre en opposition, comment agir pour apparaître comme un membre alpha (et donc imposer dominance et leadership) tout en refusant le conflit, axe de notre comportement ?
Cas relativement fréquent : le souvenir traumatisant. Notre cheval associe alors notre demande ou notre présence à ce souvenir... et réagit en conséquence.
Cas habituel : le manque d’éducation. Une désensibilisation mal faite au débourrage laisse subsister de vieilles craintes ; un conditionnement insuffisant au dressage entraîne l’incompréhension. Deux causes courantes de conflit.
Le cas extrême des chevaux dits rétifs ou caractériels : une tension violente n'a pu s'évacuer dans le passé et se retrouve refoulée dans l'inconscient, provoquant des réactions d'opposition aussi inexplicables qu'imprévisibles.
L'hérédité. Le cheval manifeste un caractère irascible parce que son père ou sa mère étaient ainsi. Par ailleurs, un poulain copie ses comportements sur ceux de son entourage : à mère rebelle, cheval mauvais coucheur.
L'incompatibilité d’humeur. Le manque d’atomes crochus entre vous et votre cheval. Ce peut être la source de bien des déboires.
Déterminer l’origine d’un comportement d’opposition ou de fuite permet de mieux comprendre le problème mais diagnostiquer n’est pas guérir. Avant de passer à l’action essayons d’avoir une vue claire de la question.
Á méditer : La prière du chevalNous avons conscience que ce sujet de la rééducation des chevaux à problèmes est une matière vivante et complexe qu’il est déjà difficile d’enfermer dans des mots, encore plus de résumer. Notre ambition est donc modeste et se limite à des éclaircissements. Notre lecteur y verra des indications, au mieux un guide qui lui permettra de s’engager en meilleure connaissance de cause mais surtout de se rendre compte qu’il devra beaucoup travailler par lui-même, ne serait-ce que pour accroître sa culture, développer son savoir-faire et être très à l’écoute de son cheval pour mieux le comprendre. Mais s’il s’y prend bien, les surprises peuvent être heureuses : un cheval apprend étonnamment vite.
Texte © Stéphane Bigo – Photos © Véronique ou Stéphane Bigo
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