Ma jument, une pur sang arabe de 6 ans débourrée en juin 2005 et mise au travail depuis septembre 2005 (en club) me pose d’énormes problèmes : elle n’accepte plus qu’on la monte (elle se cabre et recule sur les postérieurs jusqu’à se retourner) alors que tout se passait bien jusque là. Je ne sais pas comment il faut réagir. Je suis aidée par une élève monitrice (dirigée par l’instructeur du club) qui aujourd’hui redoute de la monter. J’avoue que la perspective de me blesser ne me réjouit guère non plus : peut on remédier à ce comportement ?
Bonjour Catherine,
Il est difficile de vous répondre sans que j'ai vu au préalable la jument. Je vais quand même essayer. Votre jument (intelligente, j'imagine, puisqu'elle est arabe) développe des résistances certainement parce qu'elle associe travail monté avec souffrance ou contrariété.
Les questions que je me pose sont les suivantes :
1) N'a-t-elle pas été mise en club, c'est-à-dire entre les mains de cavaliers inexpérimentés, trop tôt ? Dans ce cas, il faudrait la retirer de cette ambiance et ne la confier qu'à des cavaliers chevronnés qui, de plus, lui veulent du bien et essaient de la comprendre.
2) Comment s'est passé son débourrage ? A-t-elle été suffisamment désensibilisée à tout ce qui peut effrayer un cheval dans son environnement humain (selle sur le dos, mors dans la bouche, poids du cavalier, montoir, agitation autour d'elle) ? Et a-t-elle été suffisamment bien conditionnée pour collaborer avec son cavalier lorsqu'il lui demande quelque chose (actions des rênes, action des jambes, assiette, etc.) ?
De toute façon, vu la résistance qu'elle développe et qui est très négative, il faudrait dans un premier temps arrêter de la monter (pour ne pas qu'elle perfectionne encore cette opposition jusqu'à la rendre irrécupérable) et reprendre le travail à la base, notamment à pied. C'est ce que je préconise dans mon chapitre Chevaux difficiles que vous avez dû probablement consulter. Donc première solution, une rééducation complète dont les fondations durent 3 jours minimum et que je vous propose de faire ensemble.
Si le problème ne se manifeste qu'au montoir (i.e. : une fois le cavalier sur son dos, son comportement est normal), vous pourriez essayer le palliatif suivant. Dans un premier temps, bien éduquer la jument aux flexions d'encolure notamment dans un travail à pied bien mené (voir la page Vertu des flexions) ; en tâchant de mettre au préalable la jument sur une palette si vous savez comment vous y prendre (voir la 1ère photo de la même page, cet exercice, très efficace, rétablit bien les jeux de la dominance et de l'amitié).
Ensuite, bien lui apprendre l'immobilité dans un rond de longe en liberté.
Puis, repasser à la leçon du montoir telle que décrite dans le 1er paragraphe de la page Travail monté. Je vous la retranscris :
« Vous montez sur votre cheval sans qu’il bouge. S’il bouge (c’est une fuite), ne montez pas mais exercez votre dominance : reprenez calmement la rêne de votre côté et demandez-lui de bouger les hanches (exercice n° 2 du travail à une rêne) sans vous fâcher. Faites-lui faire un demi-tour autour de ses épaules puis revenez à l’immobilité et caressez. Recommencez jusqu’à ce qu’il reste calme. Une fois sur son dos, vous ne faites rien. Vous n’intervenez que lorsque le cheval est parfaitement détendu. »
Une fois en selle, redescendez calmement, puis remontez (un acquis n’est définitif que s’il est confirmé et généralisé). Si, en selle, votre jument fait mine de se cabrer, reprenez la rêne gauche (et seulement celle-là) pour lui faire faire un demi-tour sur les épaules et lui redemander l'immobilité — sans se fâcher et avec une tranquillité d'esprit absolue.
Rappel important : en cas de difficulté, ne travaillez qu'avec une seule rêne. Evitez toute demande symétrique avec les deux mains car c'est sur cette symétrie que la jument s'appuie pour se cabrer.
Remarque : lorsque l'encolure est ployée à droite ou à gauche, les muscles releveurs de l'encolure ne peuvent plus agir.
A moins que la jument ne soit caractérielle ou très vicieuse, elle devrait être récupérable. Mais il faut agir dans le bon sens sans tarder.
Janvier 2006
Finalement Catherine a décidé de se séparer de sa jument qui lui faisait peur et n’a pas donné suite à mes propositions
Texte © Stéphane Bigo – Photos © Véronique ou Stéphane Bigo
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