Trois expériences éducatives différentes (plus l'essai)
En ce qui concerne notre rôle de parents, nous nous en référions aux mentors de l’époque : le Dr Spock et Françoise Dolto. J’ai constaté qu’on peut avoir élevé tous ses enfants de la même façon, les résultats sont souvent radicalement différents. Ce qui veut dire que l'éducation, si elle repose en grande partie sur la personnalité de l'éducateur, dépend également pour une part non négligeable de l’équation personnelle de chaque apprenant.
Mon expérience de l’éducation tient compte également des nombreuses années au cours desquelles j’ai usé mes fonds de culotte sur les bancs des salles de cours, que ce soit pendant les 13 ans de mon cycle secondaire ou les 12 ans de mon cycle supérieur (6 ans pour obtenir mon diplôme d’ingénieur, 6 autres années pour une licence en Droit et le certificat d’aptitude à exercer la profession de notaire). À l’époque, les apprenants étaient considérés comme une matière à façonner, autrement dit comme un objet : c’était à eux à s’adapter à leurs éducateurs et non l’inverse. De ces années studieuses, j’ai contracté un penchant marqué pour l’étude, mais aussi un goût pour l’écrit qui, à mon avis est la seule façon de savoir vraiment ce qu’on pense d'une question.
Vers 40 ans, après mon divorce qui a initié pour moi une deuxième vie consacrée à l’aventure et à la découverte du monde à cheval, j’ai renoué avec l’éducation grâce à des professeurs qui m’ont persuadé qu’il était important de témoigner des modes de vie et des valeurs des pays que je traversais. Cette perspective m’intéressait d’autant plus que les cultures du monde font partie de mes sujets de prédilection.
Il s’en est suivi un grand projet pour un enseignement au service de la paix dans le monde que j’intitulais : « Connaissance de l’Homme ». Comme il n’avait pas l’air d’intéresser l’Éducation Nationale, je me tournais vers l’UNESCO et son système des écoles associées et pour pouvoir le lui présenter, je m’intégrais à une ONG : l’École Instrument de Paix. Il fut accepté et reçu des subsides pour l’élaboration de deux maquettes sur « L’Homme de l’Amérique latine » et « L’Homme de l’Afrique noire ». Las, quand je revins de mon troisième voyage en Amérique du Sud avec la première maquette, l’Unesco me dit qu’elle ne pouvait y donner suite car, les États-Unis et l’Angleterre ayant quitté l’institution, ses ressources s’en trouvaient par trop diminuées.
Je poursuivais ma mission à une échelle plus modeste, principalement dans la région marseillaise où vivaient mes trois enfants. Je reçus un très bon accueil de la part du corps enseignant, au point que l’activité d’intervenant en milieu scolaire devint prioritaire dans ma vie en dehors de mes voyages.
C’est une fois le cycle de mes grands voyages terminé que je m’intéressais à l’éducation du cheval et qu'après avoir été à la découverte du monde à cheval, je suis parti à la découverte du monde du cheval. Il en est résulté d’abord un livre consacré à une méthode d’éducation faisant la fusion entre l’équitation de légèreté bauchériste et celle dite éthologique des chuchoteurs, ensuite cet essai qui m’a demandé plusieurs années de recherche et de maturation.
Finalement pourquoi ai-je écrit ce livre ? Autant pour éclairer ma propre lanterne sur les questions cruciales que pose l’éducation que pour partager mes acquis avec mes lecteurs.