C'est quoi le bonheur ?
Les enfants qui vivent surtout dans l'instant présent en sont l'illustration. S'ils recherchent naturellement les expériences positives et évitent les expériences négatives, c'est par instinct - animal pourrait-on dire - pas dans un but affiché d'être heureux. Ce qui compte c'est la perspective de vivre un moment intense : « Maman, je voudrais aller me coucher. J'ai une idée pour un rêve ! ». Finalement leur grande préoccupation, c'est de vivre. Animés par la curiosité et l'intérêt qu'ils développent pour leurs sujets de prédilection, ils trouvent la vie passionnante.
La recherche du bonheur chez l'adulte ne serait-elle qu'un remède à l'angoisse de mort ? Toujours est-il qu'elle est la grande obsession de l'Homme depuis cette époque charnière qui voit l'émergence des premiers grands maîtres à penser de l'Humanité : Socrate, Platon et Aristote en Grèce, Zoroastre en Perse (qui fonde le mazdéisme caractérisé par le dualisme divin), Sâkyamuni en Inde (bouddhisme), Confucius et Lao-Tseu en Chine (taoïsme)… sans oublier Abraham, figure centrale des religions juive, chrétienne et musulmane qui aurait vécu vers 1.800 avant JC.
Le bonheur est ce qui rend heureux nous dit le Petit Robert. Il dépend de notre conduite enseigne le Dalaï Lama : Si vous savez discipliner votre esprit et vous satisfaire de ce que vous possédez, vous vivrez en paix et vous serez heureux. Confucius renchérit : Le vrai bonheur est celui de l'âme. En fait, bonheur et sagesse sont intimement liés. La sagesse aide à trouver le bonheur, et le bonheur nourrit la sagesse, le cercle est vertueux. Le stoïcisme lui fait le lien entre le bonheur et la raison, celle qui justement enclenche une réflexion critique qui mène vers la sagesse ; en fin de compte, la vertu est le seul bien, conclut-il.
Nous voyons que ce bonheur relève du défi, il est l'œuvre de toute une vie et, avant de s'engager dans ce type de chemin, nous devons analyser longuement les motivations qui nous animent, prévient le Dalaï Lama. Le stoïcien n'atteint cet état que par la pratique continue de la vertu et de la maîtrise de soi. Pour l'atteindre, Confucius trace un itinéraire qui s'étale sur soixante-dix ans. En attendant, la souffrance fait partie de la vie, constate le Dalaï Lama. Et Confucius de conclure, le fardeau est lourd, et long le voyage.
Pour le commun des mortels, le bonheur - qui consiste simplement à être heureux - va dépendre des désirs ordinaires. Lesquels ont comme particularités de ne jamais être comblés. Il relève de satisfactions provisoires, de plaisirs éphémères, de bien-être passagers, de fiertés temporaires. Tasses de thé des marchands de bonheur en tout genre. Poudre aux yeux qui masque les réalités essentielles.
Ce qui est à faire est à faire
Quel est le véritable enjeu de la vie ? Que recherche-t-on lorsqu'on part à cheval sur les routes du monde, qu'on escalade les montagnes, qu'on parcoure les océans ? Ou plus communément en exerçant un métier, en créant une entreprise, en fondant une famille ou en cultivant son jardin ? L'énergie vitale qui nous anime et la mise en jeu de nos talents nous poussent à agir, à résoudre les problèmes qui se présentent dans l'existence, à accomplir quelque chose d'utile, à nous dépasser ? Vivez que diable ! clamait Sœur Emmanuelle.
Selon la légende chinois de l'origine du monde, le ciel et la terre qui ne formaient qu'une seule entité (ils étaient mélangés au sein d'un œuf) se dissocièrent en deux essences distinctes et complémentaires : le Yang du ciel, principe dynamique qui représente l'énergie active et permet à l'idéalisme de déployer ses ailes librement, et le Yin terrestre, matriciel, nourricier, qui permet au réel de s'ancrer et à la vie d'éclore dans le calme et la nuit du mystère. L'homme relie ces deux essences et unit Yang et Yin, idéalisme et réalisme. Et se réalise ainsi dans l'action, la transformation, l'accomplissement. Avec son lot de souffrances et de joies, d'angoisses et d'exaltations,
Finalement qu'entend-on par "se réaliser" ? Essayons de cerner ses principales dimensions :
- prendre soin de soi
- ressentir, s'émouvoir
- se relationner, interagir
- imaginer, rêver
- expérimenter, évoluer, se transformer
- agir en connaissance de cause
- employer ses talents
- bien faire ce qu'on fait
et pour cela observer, accepter, comprendre, douter, et cent fois sur le métier, remettre son ouvrage.
Pour finalement être en paix avec soi-même et éprouver ce sentiment d'accomplissement et de plénitude, attributs de l'action juste.
Ce qui est fait est fait
Sources :
- "Le bonheur selon Confucius -Petit manuel de sagesse universelle" de Yu Dan (Belfond)
- "Conseils du Dalaï Lama et de ses maîtres pour être heureux" présentés par Catherine Barry (Presse de la Renaissance)
- Wikipédia